Test d’un sac de transport
Au moyen âge on ne disposait pas de sacs à dos comme on les connaît aujourd’hui.
Alors comment transportait-on seul des affaires volumineuses qui ne tenaient pas dans une besace ?
La hotte
Il y avait la hotte en osier, fréquemment utilisée aux champs et sur les chantiers:
On la retrouve, avec une variante à armature en bois, lors des déplacements de troupes:
Pour mes besoins je ne trouve cela pas très pratique, d’abord parce que le volume reste fixe, et aussi car c’est encombrant, que ce soit lors du transport ou pour le ranger.
Les sacs
A côté de la hotte, l’usage de différents sacs de transport en tissu est aussi attesté:
Deux détails de ce document:
Le double sac d’épaule
Un modèle plus ancien a retenu mon attention, d’abord parce qu’il est médiéval, et ensuite car son usage semble plus versatile. Comme on le devine sur le relief ci-contre, c’est une sorte de sac double, en forme de tube. L’ouverture, longitudinale, se trouve au milieu. Les affaires se glissent dans la partie avant et la partie arrière du tube, depuis le centre. Il se porte sur l’épaule, avec la charge répartie entre l’avant et l’arrière.
La question: est-ce pratique ?
Pour me prononcer, j’ai décidé de le tester cet été en conditions réelles !
Je suis donc parti il y a quelque temps faire une randonnée au Creux du Van, magnifique endroit dans le Jura, avec un sac de ce type, rempli avec différentes affaires (dont un couchage, des vêtements, quelques livres et accessoires). Le sac est plein, sans être bourré. La partie centrale est vide.
En complément, je m’équipe d’une besace avec un peu de nourriture, un bâton de marcheur, et une grosse cape en feutre de laine. Cette dernière étant pour un deuxième test: cette cape est-elle utilisable au coeur des chaleurs estivales, alors que les prévisions annoncent 27 degrés … ?
La première partie de la randonnée est une ascension: 700 mètres de dénivelé sur un chemin parfois étroit, en forêt. La première demi-heure est difficile, le sac ne tient pas longtemps sur l’épaule, et glisse vers le bras, même quand je tente de le retenir avec l’avant-bras, ce qui n’est pas très confortable.
Après plusieurs tentatives, je finis par résoudre le problème en passant la sangle de ma besace autour de la partie centrale du sac, ce qui du coup me permet non seulement de l’empêcher de glisser, mais aussi de tenir la cape ouverte sur l’autre épaule. Mes 2 mains sont désormais libres, je peux tenir le bâton d’un côté ou de l’autre sans gêne, et la chaleur devient supportable, malgré la cape et l’effort continu.
Après deux heures j’arrive en haut. J’ai mouillé ma chemise sous la cape, du côté ou repose le sac, car il fait chaud et j’ai bien transpiré même si la forêt m’abritait du soleil. J’aurais dû le changer de côté de temps en temps, pour évacuer la chaleur …
La suite de la balade se passe sans soucis, y compris la descente, pentue et glissante par endroits, mais à ce stade le sac est déjà oublié, son port est devenu presque naturel, je peux me concentrer sur la marche, et utiliser mon bâton des deux mains.
A l’arrivée je contrôle mon épaule: malgré avoir porté le sac toute la journée sur une seule épaule, aucune douleur ou marque, le poids s’est bien réparti grâce au tissu, qui montre là un net avantage par rapport à la sangle plus étroite et dure d’une hotte.
Conclusion
Les avantages
- Utilisable sur l’épaule, ou même sur le dos d’un cheval ou mulet.
- Facile à fabriquer en différentes tailles.
- Facile à stoquer (il suffit de le plier).
- Lavable.
- Bonne répartition du poids.
- Le contenu ne tombe pas, malgré l’ouverture permanente du sac. On peut d’ailleurs tordre le sac sur lui-même pour fermer l’ouverture.
Les inconvénients
- Ne protège pas le contenu de l’humidité, que ce soit en cas de pluie, ou lorsqu’on le pose sur un sol mouillé.
- Le sac a tendance à glisser sur l’épaule, mais il est facile d’y remédier avec une sangle, par exemple celle de la besace.
Le sac de toile m’a convaincu.
Et, vous demandez-vous peut-être, qu’en est-il de la grosse cape de feutre de laine en plein été ?
Eh bien somme toute, c’est amplement supportable. Il est clair que lors d’un effort fourni, à la montée, la chaleur s’y accumule, il faut trouver moyen de garder la cape ouverte. Lors de la marche à plat, même en plein soleil de midi, ou en descente l’effort est bien moindre, et la laine ne se fait pas trop sentir. Et bien entendu, en cas d’averse, ou pour passer la nuit à la belle étoile, la cape devient un atout certain.
Fabrication ou acquisition d’un sac de ce type
Celui que j’ai utilisé est en vente à prix modeste chez Matuls.
Si la couture ne vous fait pas peur, vous pouvez aussi le réaliser vous-même, avec une pièce de tissu solide d’environ 1 mètre de large sur 1.6 mètres de long (à adapter à vos besoins).
Il suffit de coudre les 2 bords longs ensemble, depuis le bord sur une longueur de 50 centimètres environ, et ceci depuis les 2 extrémités. Ca laisse donc une partie non cousue d’environ 60 centimètres au centre:
Les 2 bouts sont ensuite chacun retourné à l’intérieur, et attachés avec des cordelettes, comme une grosse saucisse:
Pour plus d’information
Vous trouverez un article très intéressant sur le même sujet ici (en anglais).